Danilo Perez : Providencia (2010)

Daniela’s Chronicles (10:15) – Galactic Panama (5:04) – Historia De Un Amor (4:36) – Bridge Of Life, Part I (3:42) – Providencia (5:08) – Irremediablemente Solo (6:08) – The Oracle / Dedicated To Charlie Banacos (5:07) – Bridge Of Life, Part II (1:52) – The Maze: The Beginning (1:37) – Cobilla (5:24) – The Maze: The End (1:25) – Durée Totale : 50’30 »

Danilo Perez (piano), Ben Street (b), Adam Cruz (dr, steel pans), Rudresh Mahanthappa (as), Jamey Haddad (percussion), Ernesto Diaz (congas), Sara Serpa (vocals), Matt Marvuglio (flûte), Barbara Laffitte (hautbois), Amparo Edo Biol (cor), Margaret Phillips (basson), Jose Benito Meza Torres (clarinette)

Danilo Perez est loin d’être un inconnu. Pianiste de nationalité panaméenne, je l’ai découvert dans l’actuel quatuor de Wayne Shorter, en compagnie (excusez du peu) du batteur Brian Blade et du contrebassiste John Patitucci. Avec ce même John Patitucci et le non moins prestigieux batteur Jack DeJohnette, il apparaît sur l’album Music We Are (Golden Beams Productions – 2009).

C’est en véritable créateur musical, assimilant avec une maîtrise et un sens de l’équilibre peu commun ses influences latines, classiques et jazz qu’il nous propose un superbe album, son premier sur le label Mack Avenue (le label on l’on retrouve notamment le saxophoniste Kenny Garret et le bassiste Christian Mc Bride) et déjà son neuvième en tant que leader. Providencia, est basé, dit-il sur son site Internet, sur l’idée que tout ce que nous faisons a un impact dans l’univers. Providence, ajoute-t-il, le mot pour moi, c’est préparer un avenir pour la prochaine génération d’enfants. Pour ce faire, il a non seulement convoqué ses habituels comparses, le bassiste Ben Street et le batteur Adam Cruz avec qui il entretient une véritable complicité musicale, mais également le saxophoniste indo-américain Rudresh Mahanthappa, le percussionniste libano-américain Jamey Haddad, le joueur de congas colombien Ernesto Diaz et la vocaliste soprano Sara Serpa, et pour compléter ce véritable vivier multiculturel et transnational un quatuor à vent américain de la ville de Boston où Danilo Pérez réside.

L’album s’ouvre sur une suite en cinq mouvements intitulée Daniela Chronicles. Chacun des mouvements nous permet de suivre, année après année, l’évolution de la fille ainée du pianiste. Et on ne peut qu’adhérer à cette démarche tant la musique de Danilo Pérez a un côté « visuel », ce que confirme le titre suivant Galactic Panama qui est une évocation de la ville d’origine du pianiste où se mêlent rythmes et improvisations particulièrement inspirées du pianiste et de l’altiste Rudresh Mahanthappa. Si le titre Bridge Of Life fait également référence à ses racines (Panama est ce bout de terre qui fait pont entre l’Amérique du Sud et l’Amérique du Nord), il confirme les influences classiques du musicien. Morceau en deux parties, il permet au quatuor à vent et au trio du pianiste de s’exprimer en toute liberté et complémentarité, et de nous livrer ainsi une musique qui n’est pas sans nous rappeler l’album Alegria de Wayne Shorter qui m’a fait justement découvrir le pianiste panaméen.

Danilo Pérez exploite également les ressources du songbook latino-américain avec deux titres : un premier qui est un bolero intitulé Historia De Un Amor et un second, Irremediablemente Solo, non pas joué en solo mais en trio. Deux titres où le jeu du pianiste se fait particulièrement romantique. Avec The Maze, The Beginning et The Maze, The end, interprétés en duo, il nous est permis d’apprécier le jeu particulièrement percussif du pianiste souligné avec talent et virtuosité par le son incisif du saxophoniste Rudresh Mahanthappa, très présent sur l’album. Et comment ne pas priser les vocalises de la soprano Sara Serpala sur Providencia et Cobilla (ce dernier titre apparaît sur l’album Music We Are évoqué au début de cette chronique), deux plages où le jeu des percussions et des congas prend une place particulière et apporte une dimension qui affirme une fois de plus les origines latino-américaines du pianiste. Il n’est pas inutile de souligner que Danilo Pérez, même s’il réside à Boston,